Quelques rappels pour une visite en toute sérénité
- La durée de visite est estimée entre 45 minutes et 1 heure (/!\ un créneau de réservation équivaut à 1 heure)
- Pour faciliter votre préparation, vous pouvez bénéficier en tant qu’enseignant d’une entrée gratuite au musée en amont de votre venue avec la classe.
- En complément du contenu de cette page, vous pouvez aussi télécharger le livret de visite
- Pour votre confort de visite, ainsi que pour celui des visiteurs individuels présents dans le musée, merci de bien vouloir faciliter la circulation de tous et éviter les stations prolongées.
- Au regard de la disposition des lieux il est impossible de proposer des activités écrites aux élèves pendant la visite.
- Nous vous rappelons que le musée ne dispose pas de consignes. Autant que possible, les élèves sont invités à ne pas venir avec leurs sacs.
Parcours de visite libre
Le parcours de visite du musée se divise en plusieurs salles thématisées. Pour chaque espace nous vous proposons une rapide présentation et un focus sur 2 œuvres . Ce parcours reste indicatif, vous êtes bien entendu libres d’organiser votre présentation autrement.
Introduction
Quelques mots d’introduction générale pour faire connaissance avec l’auteur et avec les lieux. À mener de préférence sur le parvis à l’extérieur du musée (pour faciliter la circulation en début de parcours).
Celle-ci peut prendre la forme d’un jeu de questions / réponses :
- Où sommes-nous ?
- Qui est Jules Verne ? (Auteur du 19esiècle, auteur de livres d’aventures, où l’imaginaire et les sciences sont très présents. Il est considéré comme un des pères fondateurs de la science-fiction et a très souvent été repris ou adapté au cinéma, en bande-dessinée….)
- Quelles œuvres connaissez-vous ? (au-delà des romans, Jules Verne a aussi marqué de son empreintes des films, BD, jeux, séries… qui s’inspirent de ses récits)
- Pourquoi existe-t-il un musée Jules Verne ? Et pourquoi est-il ici à Nantes ?
Jules Verne a grandi à Nantes, mais n’a jamais vécu dans cette maison. La famille possédait une maison de vacances dans le quartier de Chantenay, non loin d’ici.
1. L’enfance nantaise
Nantes était un port de commerce florissant à l’époque de Jules Verne. Il a passé son enfance à se promener sur les quais, observant les bateaux chargés de marchandises venues du monde entier. Jules Verne l’évoque dans ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1895) : « Il y a cette circonstance que je suis né à Nantes, où mon enfance s’est tout entière écoulée ».
C’est ce contact régulier avec ces bateaux qui lui a très tôt donné le goût du voyage. Rappelons que les Européens n’ont pas encore une parfaite connaissance du monde. Afrique, Amérique, Australie (etc…) sont des territoires encore bien mal connus, ce qui nourrit les imaginaires (et les stéréotypes).

Vue du port de Nantes
Les nombreux voiliers visibles sur cette photographie rendent compte de l’effervescence qui devait régner à l’époque sur les quais. Les quais sont tout entiers dévolus à la gestion des marchandises.
Première lettre connue de Jules Verne
Lettre écrite le 30 mars 1836 à sa tante « Madame de Chateaubourg ». Première trace de son écriture, émaillée de quelques fautes d’orthographe. Il demande à sa tante de lui rapporter de petits jouets scientifiques, preuve de son attrait pour les sciences.
2. Jules Verne voyageur
Jules Verne n’est pas un aventurier comme peuvent l’être ses héros. Mais il reste un voyageur, qui a beaucoup parcouru les mers d’Europe. Ces croisières, longues parfois de plusieurs mois, sont autant de sources d’inspiration pour les périples évoqués dans ses romans.

Les maquettes
Le Saint-Michel I, le Saint-Michel II puis le Saint-Michel III permettent à Jules Verne d’assouvir sa soif de voyage et de découverte. C’est après ses premiers succès littéraires qu’il décide d’acheter son premier bateau. Ses premières navigations à bord du Saint-Michel I lui ont donné l’envie d’un grand roman maritime (Vingt mille lieues sous les mers).

Itinéraires des voyages
Avec ses bateaux, il ne s’est jamais aventuré beaucoup plus loin que l’Europe. C’est avec le Saint-Michel III (doté d’un moteur à vapeur) qu’il fera les plus grandes croisières (dont il s’inspirera notamment pour son roman Mathias Sandorf).
3. Une vie bourgeoise
Après Nantes, Jules Verne s’installe à Paris où il reste 20 ans, puis à Amiens (où il mourra). Il a un fils, mais n’est pas toujours très présent pour sa famille : quand il ne voyage pas, il écrit. C’est à Amiens qu’il reçoit les journalistes venus l’interviewer. Les objets personnels présentés ici proviennent de chez lui.
/!\ Merci de faciliter la circulation des visiteurs en limitant votre temps de présence dans cet espace /!\
Vaisselle
Plusieurs objets personnels de l’écrivain ont été transmis au musée. Parmi ceux-ci, un certain nombre de verres et assiettes de services décorés du monogramme JV.
Les salons de réception
À Amiens, le 2 avril 1877, Jules Verne et son épouse, Honorine organisent un bal costumé. De nombreux invités se sont inspirés des personnages des Voyages extraordinaires pour leur costume. Ce dessin est paru dans Le Monde illustré du 14 avril.
4. Le tryptique « Hommage à Jules Verne »
Ce triptyque (trois parties formant un ensemble) a été réalisé en 2005 pour le festival de science-fiction Les Utopiales par un collectif d’artistes (performance artistique réalisée en présence du public). La partie gauche évoque directement certains romans, tandis que la scène de droite est une libre inspiration qui montre combien il a influencé les artistes qui lui ont succédé.
Ce tryptique peut aussi constituer un point de départ à la visite, pour les classes qui auraient déjà étudié quelques œuvres.
À repérer sur le tableau :
- la Lune (évocation des romans lunaires)
- le Saint-Michel III (bateau de Jules Verne)
- le Nautilus (dans une représentation fortement inspirée par l’adaptation de Walt Disney de 1954, très éloignée des descriptions faites dans le roman)
- le volcan en éruption (qui peut évoquer plusieurs romans comme L’Île mystérieuse ou Voyage en centre de la Terre)
- la machine volante (celle-ci n’apparait pas directement chez Jules Verne, mais elle est très inspirée de celles crées par le personnage de Robur, héros de deux romans)
5. Le romancier et son éditeur
C’est l’éditeur Pierre-Jules Hetzel qui publie toutes les œuvres de Jules Verne. Les principaux romans sont réunis sous le grand titre de Voyages extraordinaires, et sont destinés à la jeunesse. Le projet littéraire d’Hetzel répond à deux objectifs : divertir et instruire.
À travers ses romans d’aventures, Jules Verne a donc pour mission de vulgariser les connaissances géographiques, scientifiques, historiques (etc).
Du feuilleton au livre relié
Les romans de Jules Verne étaient d’abord publiés dans des journaux sous forme de feuilletons puis l’œuvre complète était publiée en roman. Chaque roman était publié dans une édition simple et bon marché mais ce sont surtout les versions avec cartonnage décoré et illustrations qui sont restées célèbres.
Les manuscrits
Jules Verne rédige un brouillon, qu’il fait évoluer jusqu’à une première « mise au net » qu’il transmet à Hetzel. S’ensuit un jeu d’allers et retours selon les corrections demandées. La méthode de Jules Verne reste la même : la page est séparée en deux, il ne rédige que dans la partie gauche et laisse libre celle de droite pour les corrections, remarques, annotations ou schémas … de sa main ou celle d’Hetzel. Le musée Jules Verne possède une importante collection de manuscrits originaux et correspondances de l’auteur.
6. Explorer le monde
Pour écrire les Voyages extraordinaires, Jules Verne s’appuie sur des récits de voyages réels et sur les connaissances géographiques et scientifiques de son époque. Membre pendant plus de trente ans de la Société de Géographie de Paris, il puise largement dans ses bulletins, qui nourrissent son imagination mais reflètent aussi les stéréotypes d’un siècle marqué par l’idéologie coloniale. Influencé par les travaux des frères Arago, d’Élisée Reclus, ainsi que par la Revue des deux mondes et Le Tour du monde, Jules Verne transforme ces lectures en matière romanesque et popularise la géographie au moment où les progrès techniques bouleversent l’échelle du globe et préparent la mondialisation.

Affiche de la pièce de théâtre Le Tour du monde en 80 jours
En 1872, Jules Verne publie Le Tour du monde en quatre-vingt jours. Dans cette histoire, Phileas Fogg fait le pari fou de réaliser un tour du globe en 80 jours grâce à la modernisation des moyens de transport. Jules Verne s’associe dès 1873 avec le dramaturge Adolphe d’Ennery pour adapter son roman en une pièce de théâtre, jouée pour la première fois à Paris l’année suivante. Ce roman témoigne parfaitement du basculement progressif vers une société mondialisée : seule l’évolution récente des infrastructures et des moyens de transports rend possible cette aventure.
Cette évolution des sociétés de plus en plus connectées grâce aux innovations des transports est également illustrée par la carte intitulée Around the world by canadian pacific route, également présentée dans cette salle.

Caricature de Jules Verne
Cette caricature, réalisée par Alfred Le Petit en 1874, représente Jules Verne faisant tourner un globe terrestre sur ses pieds. Elle illustre bien la vision portée sur l’auteur par ses contemporains : un géographe dont le rôle était d’instruire les plus jeunes tout en les divertissant à travers ses romans. Cette caricature illustre également sa grande notoriété, jusqu’à servir d’inspiration pour la presse satirique.

Planche de jeu Voyage de Nansen au Pôle Nord
Cette planche de jeu a été réalisée vers 1900. Elle est inspirée d’un voyage réalisé entre 1893 et 1896 par un équipage d’explorateurs, dirigé par Fridtjof Nansen, pour tenter d’atteindre le pôle Nord. Au 19ème siècle, la conquête des pôles, derniers grands espaces inexplorés et inconnus, passionne les européens. Jules Verne va très largement s’emparer de cette thématique dans plusieurs romans (Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras – 1866, Un hivernage dans les glaces – 1874,ou encore Le Sphinx des glaces – 1897)
Les produits dérivés et jeux pédagogiques sont nombreux au 19ème siècle, et offrent une approche ludique des divers domaines scientifiques, à destination des plus jeunes.
7. Sciences et progrès
Avec les Voyages extraordinaires, Jules Verne a pour objectif de « résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques, amassées par la science moderne ». Car le 19ème siècle est celui de la vulgarisation scientifique : on cherche à faire connaître et comprendre les découvertes scientifiques à un public de plus en plus large. Les sciences gagnent aussi l’édition jeunesse, où apparaît vers 1860 un nouveau genre, le « roman scientifique », mêlant récit et pédagogie. Popularisé par Cinq semaines en ballon (1863), il s’inscrit dans l’ambition formulée par l’éditeur Hetzel : offrir, sous une forme attrayante, la synthèse des savoirs modernes.

Affiche promotionnelle
Un autre grand vulgarisateur scientifique du 19ème siècle est Louis Figuier. Sur cette affiche promotionnelle pour la publication de son ouvrage Les Nouvelles conquêtes de la science, sont mises en scène plusieurs inventions ayant bouleversé la société. L’électricité, notamment, est une thématique très développée dans l’œuvre de Jules Verne, ainsi que la locomotive et le bateau à vapeur. Le progrès technologique s’illustre aussi par le développement des infrastructures routières tels les ponts et les tunnels. La science est symboliquement représentée par un phare qui éclaire.
Photographie de la Lune (1865)
Au 19ème siècle, la Lune est l’objet de nombreuses interrogations, notamment sur la vie qu’elle pourrait abriter. Aussi Jules Verne va-t-il s’emparer de ce thème avec De la Terre à la Lune et Autour de la Lune. Rappelons qu’alors, le seul moyen de locomotion aérienne est la montgolfière. Aussi, plutôt que d’imaginer une machine volante capable d’atteindre la lune, c’est dans un obus tiré par un gigantesque canon que s’envolent les astronautes.
Mais parmi ces approximations, Jules Verne anticipe également un grand nombre de détails qui se vérifieront 100 ans plus tard avec la mission Apollo 8 (qui effectuera premier vol autour de la Lune) : zone de décollage, nationalité des astronaute, durée et trajectoire du vol, conditions de retour sur Terre… Tant d’anticipations qui font de Jules Verne l’un des pères de la Science-Fiction.
Maquette du Nautilus
Imaginé par Jules Verne pour Vingt Mille Lieues sous les mers, le sous-marin du Capitaine Nemo est alors une machine extraordinaire. Il est capable de performances très largement supérieures aux sous-marins de l’époque, qui sont alors en bois, sans aucun moteur ni réserve d’oxygène.
Jules Verne
Peut-être serez-vous surpris d’apprendre que je ne tire aucune fierté particulière à avoir écrit sur l’automobile, le sous-marin, l’aéronef avant qu’il ne deviennent en fait des réalités scientifiques. Au moment où j’en parlais comme des réalités, elles étaient déjà à moitié découvertes. […] mon objet n’était pas de prophétiser, mais d’apporter aux jeunes des connaissances […] en les enrobant d’une manière aussi intéressante que possible.
Pour permettre une découverte dans de bonnes conditions des deux dernières salles, nous vous proposons de faire au préalable une présentation globale puis de laisser les élèves découvrir ces espaces par petits groupes.
8. L’exploration sous-marine
Le scaphandre
Les scaphandres à casques apparaissent au débit du 19e siècle et seront utilisés jusqu’au milieu du 20e siècle. Composé d’un habit étanche fermé, lesté et coiffé d’un casque métallique vissé, le scaphandrier est alimenté en air par un tuyau relié à une pompe actionnée en surface (tel celui présenté dans la salle). Pour Vingt mille lieues sous les mers (1869-1870) Jules Verne équipe le Capitaine Nemo et ses compagnons d’un scaphandre un peu plus léger et disposant surtout d’une réserve d’air comprimé offrant jusqu’à 10 heures d’autonomie (modèle réduit en photo).
La plaque du Nautilus
En 1931, l’un des premiers sous-marin américain (O-12) est rebaptisé Nautilus, en hommage à l’esprit d’anticipation qui animait Jules Verne. Sous ce nouveau nom, il a pour objectif d’atteindre le pôle Nord, qu’aucun explorateur n’a encore atteint. Il échoua à 800 km du pôle, mais son expédition fut cependant un succès sur le plan scientifique. La devise Mobilis in Mobili est celle du Nautilus du Capitaine Nemo.
9. Le Théâtre
Si le jeune Jules Verne se rêvait en dramaturge, il lui a fallu devenir d’abord romancier pour pouvoir revenir ensuite vers le théâtre. En effet, le succès des Voyages extraordinaires le pousse à adapter certaines de ses œuvres pour le théâtre. Tout comme il est aujourd’hui commun d’adapter un livre à succès en film ou série, la démarche était la même avant l’existence du cinéma. Le succès de ces pièces à grands spectacle a d’ailleurs contribué à faire la fortune de Jules Verne.

Affiche de Michel Strogoff
En 1880, Jules Verne renouvelle sa collaboration avec le dramaturge Adolphe d’Ennery (avec qui il avait travaillé sur l’adaptation du Tour du monde en 80 jours) pour adapter un deuxième roman au théâtre, Michel Strogoff. Cette féerie aux décors grandioses connaîtra un grand succès et sera jouée au théâtre du Châtelet à Paris jusqu’en 1939. La notoriété de Jules Verne auprès du grand public est très liée au succès de ces différentes adaptations théâtrales.
10. Grand écran
Le cinéma s’empare très tôt de l’œuvre de Jules Verne : dès 1902, Georges Méliès s’en inspire pour Le Voyage dans la Lune, puis en 1912, son fils Michel Verne cède les droits d’adaptation de plusieurs romans. Mais ce sont surtout les studios américains qui, à partir des années 1950, relancent l’intérêt du grand public, avec des films à grand spectacle faisant un large usage des effets spéciaux. Les affiches de ces nombreuses adaptations reflètent une appropriation toute hollywoodienne, mettant souvent en avant des éléments inventés, comme le ballon du Tour du monde en 80 jours (qui n’existe pas dans le roman).

Affiche de Voyage au centre de la Terre
En 1976, une adaptation de Voyage au centre de la Terre est réalisée par l’espagnol Juan Piquer Simon. Sur l’affiche du film, on observe un gorille géant, créature absente du roman original. En effet, si ces adaptations cinématographiques ont certainement permis à l’œuvre de Jules Verne de connaître une visibilité à l’international, certains scénaristes vont prendre de larges libertés avec l’œuvre initiale, en privilégiant le divertissement au détriment des dimensions scientifiques ou philosophiques des récits.