Marcel Proust, écrivain (Correspondance)
Mon cher petit, c‘est en ce moment un étrange personnage de Wells qui t‘écrit, car je ne me suis pas couché depuis cinquante heures. Et même de Jules Verne, car je ne me suis pas assis non plus.
(...)
Quand une famille aborde dans une île déserte dans les romans de Jules Verne, le comptable devient cuisinier, l‘avocat défricheur de forêts, le médecin matelot à cause des nécessités nouvelles. Est-ce par un Maître-Jacquisme du même genre que Constantin étant directeur de revue, M. Marcel Mielvaque s‘improvise en gentil Vendredi ?
Michel Serres, philosophe
Jules Verne m’a augmenté.
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Bernard Franck, officier de marine
En juin 1912, je me trouvais de quart sur la passerelle du Pourquoi-Pas ? Charcot s’approcha de moi et me posa à brûle-pourpoint la question suivante :
- Pourquoi vous êtes-vous fait marin ?
- Commandant, pour avoir lu Jules Verne.
- Tiens, dit-il, moi aussi ; j’avais toujours rêvé d’aller vers le grand Nord en compagnie du capitaine Hatteras.
Jean-Luc Steinmetz, universitaire, éditeur de Jules Verne dans la Bibliothèque de la Pléiade
Il écrit le roman du monde tout en ménageant de brillantes intrigues et il arrive à le faire connaître dans une intégrité qui a été perdue par la suite. Jules Verne a été le premier à décrire le monde connu dans son ensemble. (Les "Illuminations" de Jules Verne, romancier du monde. Blog de la Société des Hôtels littéraires, avril 2020)
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Jean-Yves Tadié, universitaire, auteur de Regarde de tous tes yeux, regarde ! Jules Verne
Si l’on pouvait mesurer la quantité d’imagination, Jules Verne serait sans conteste l’un de nos premiers écrivains.
(À la recherche des Voyages extraordinaires de Jules Verne. Blog de la Société des Hôtels littéraires, avril 2020)
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Alain Corbin, historien (à propos de son ouvrage Terra incognita / La Grande Librairie - France 5, 2020)
Toute ma vie j'ai enseigné le 19e siècle. Or, comment pouvez-vous imaginer que j'aurais eu cette prétention si je n'avais pas lu Jules Verne ?
Patrick Deville, écrivain (Amazonia, 2019)
Allongé dans la cabine, je reprenais ces histoires assemblées autour d’Iquitos depuis sa fondation en 1860 […]. Cette année-là fut enregistrée la première voix humaine que nous pouvons encore écouter, non pas un sermon, mais celle de Scott de Martinville qui chante Au Clair de la Lune. Cette année-là Mouhot voit le premier les temples d’Angkor et Berns le Machu Pichu, Walker est fusillé sur une plage du Honduras et la guerre civile couve aux Etats-Unis, Gordon et Garnier participent au sac du Palais d’Été à Pékin, Lenoir dépose le brevet du moteur à explosions, Garibaldi prend Naples et la Sicile. Louis Pasteur escalade la Mer de Glace avec ses fioles, Jules Verne écrit son roman d’anticipation pessimiste. Gustave Eiffel dessine et fait fabriquer une maison de fer.
Almudena Grandes, écrivaine (Le Lecteur de Jules Verne, 2013)
Tandis que je conquérais l'espace en traversant les étoiles, où je sondais le magma incandescent des profondeurs de la terre, les romans de Jules Verne prêtés par doña Elena étaient pour moi bien plus que des livres. Ils assuraient une existence privilégiée à un petit gamin qui n'avait jusque là jamais eu de raison de se sentir chanceux. Ils étaient le lien entre mes deux vies, le tunnel secret reliant les murs de ma chambre de ma maison-caserne aux cagettes de fruits qui abritaient une bibliothèque vivante.
Jean-Pierre Otte, écrivain (Strogoff, 2013)
J'avais oublié Strogoff mais Strogoff, lui, ne m'avait pas oublié ; il se rappelait à moi, fort d'une mission, dans le défi d'un message qui pouvait sauver le monde, et c'était comme si, sans pourtant se confondre, il me doublait ou me devançait sur le chemin de la vie, en créant une consonance complice dans la tête de celui que je commençais d'être et qui se voulait écrivain.
François Bon, écrivain (Autobiographie des objets, 2012)
Donc elle était là, la machine à laver, une Vedette - on l'a eue quatorze ans, cela j'en suis sûr, on l'a assez répété ensuite, je revois faire les essais, le tambour inox tournant lentement derrière le gros hublot convexe. Me suis toujours imaginé d'ailleurs, puisque tout cela venu en même temps, les hublots du Nautilus de Nemo relevant de technologies aussi délibérément futuristes que notre première machine à laver.
Michel Houellebecq, écrivain (La Carte et le territoire, 2010)
Dans son regard brillait toujours cette flamme qui n’est pas seulement celle des prédicateurs et des prophètes, mais aussi celle de ces inventeurs si souvent décrits par Jules Verne.
Olivier Rolin, écrivain (Bakou, derniers jours, 2010)
Alexandre Dumas, dans le récit de son Voyage au Caucase, semble tenir pour acquis qu'une "soupape souterraine", un clapet en somme, la "met en communication avec la mer Noire et le golfe Persique" : la Caspienne serait ainsi une sorte de prodigieuse baignoire, mais ce clapet et les tuyauteries souterraines qui s’ensuivent en feraient aussi une mer (on imagine les aventures palpitantes que Jules Verne ou Albert Robida auraient pu écrire, de la Caspienne à la mer Noire par les entrailles de la Terre, avec sous-marins de poche mus par des bobines de Ruhmkorff et scaphandres en gutta-percha).
Sophie Tolstoï, diariste, photographe et épouse de Léon Tolstoï (Ma Vie, édition française, 2010)
Les enfants, moi et même tante Pélagie Ilinitchna, qui faisait des réussites pendant ce temps, aimions beaucoup entendre Lev Nikolaïevitch raconter, le soir, les belles œuvres de Jules Verne, Cinq semaines en ballon, De la Terre à la Lune, Le Tour du monde en quatre-vingts jours et d'autres, d'après les éditions illustrées. Ces récits en français passionnaient Serioja et Tania. Serioja s'appliqua à les traduire en russe pour le petit Ilia.
Bientôt, ces récits furent remplacés par la lecture après le thé du soir, et nous attendions ce moment avec impatience. Un jour, Lev Nikolaïevitch se rendit à Moscou et chercha d'autres livres de Jules Verne, mais n'en trouva pas et acheta justement Le Tour du monde en quatre-vingts jours... Il se mit alors à l'illustrer lui-même à la plume, de la façon la plus primitive, ce qui enchanta encore plus les enfants. J'ai gardé ces dessins. Ils se trouvent avec les manuscrits au Musée historique de Moscou.
François Flahault, philosophe (Le Crépuscule de Prométhée, 2008)
Les héros de Jules Verne (…) sont aux prises avec la nature, avec l'étendue de la planète. Ils ne se perçoivent pas pour autant comme faisant partie de celles-ci : ils se confrontent à la nature, ils établissent avec la planète un rapport spéculaire, ils recherchent en effet l'image et l'épreuve de leur propre accomplissement.
Michel Butor, écrivain (Le Monde, 2005)
Tout comme Rimbaud, Balzac et Flaubert, Verne est un des sites qui nous permettent de comprendre où nous sommes.
Patrick Demérin, écrivain, traducteur et journaliste (Voyage en Allemagne, 1989)
Karl May* faisait fantasmer les Allemands sur un Ouest mythique et passéiste tandis qu'en France Jules Verne faisait rêver sur le progrès des sciences et de l'humanité.
*Auteur allemand de romans d'aventures (1842-1912), considéré par sa traductrice française comme "un Jules Verne chrétien".
Frank Borman, astronaute (1968)
A l’origine de chaque découverte importante de l’histoire humaine un rêve était présent. Ce rêve, et les plans nécessaires à sa réalisation nous furent, au départ, révélés par votre grand-père. Dans ce sens, Jules Verne est l’un des grands pionniers de l’ère spatiale.
Julien Gracq (Lettrines, 1967)
Pinçant une à une toutes ces cordes du bec grêle de son épinette avant qu’elles ne résonnent sous le marteau du piano forte, il y a eu Jules Verne. Je le vénère, un peu filialement. Je supporte mal qu’on me dise du mal de lui. Ses défauts, son bâclage m’attendrissent. Je le vois toujours comme un bloc que le temps patine sans l’effriter. C’est mon primitif à moi. Et nul ne me donnera jamais honte de répéter que les Aventures du capitaine Hatteras sont un chef-d’œuvre.
Jean-Marie Gustave Le Clézio, écrivain
Jules Verne, cela fait partie de moi. En fait, je crois que tout ce qui s’est cristallisé en moi me venait de lui.
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Jean-Paul Sartre, écrivain et philosophe (Les Mots, 1964)
Le tsar de toutes les Russies, c'est Dieu le Père ; suscité du néant par un décret singulier, Michel, chargé, comme toutes les créatures, d'une mission unique et capitale, traversait notre vallée de larmes, écartait les tentations et, franchissant les obstacles, goûtait au martyre, bénéficiait d'un concours surnaturel, glorifiait son créateur puis, au terme de sa tâche, entrait dans l'immortalité.
Jean Giono, écrivain
Au moment où tous les hommes sont friands d'îles désertes, en plein XIXe siècle, Jules Verne détruisit toutes les îles désertes. Il imagina L'Île mystérieuse ; il n' y avait plus désormais que mystères chimiques et physiques. Il prenait une île déserte et il la plaçait un peu comme celle de Robinson Crusoë, mais il y fait aborder toute une société, un prolétariat. Il n'y a plus d’âmes : plus que des manuels ("à la fois ce qui se fait avec la main" et "ce qui s'écrit sur la matière"). L'esprit de la machine commençait à assujettit l'ingénieur (celui qui invente). Peu à peu, il rejetait tout ce qui est naturel et il attirait tout ce qui est artificiel (ce qui se faisait par artifice, industrieuse combinaison de moyens). Je ne pardonnerai jamais à Jules Verne tous ses tours de bâton. (Provence perdue, 1967)
Ce qui fait "passer" Jules Verne et jusqu’à un certain point lui donne ses qualités magiques, c'est le romantisme (naïveté) de ses propos. (Note inédite cité par jacques Mény, Planète Jules Verne #4, 2016)
Je me suis rendu compte que c'était très mauvais. Il n'y a rien, ni poésie juste, ni grandeur, et surtout ni composition, ni style. C'est pour le moment du sous-Jules Verne très en dessous. (Journal, 1944 à propos de son propre roman maritime Fragments d'un paradis)
Pierre Bost, écrivain et scénariste (Marianne, 26 février 1936)
Jules Verne n’est pas un écrivain. Je ne dis pas qu’il en soit un mauvais ; simplement, il est autre chose. Il a créé des mythes, inventé des rêves, mais en dehors du plan littéraire ; il a plutôt été quelque chose comme un metteur en scène de cinéma, ou un directeur de théâtre. Un organisateur de jeux. Surtout, il a créé un univers, séparé de l’univers réel, séparé même de l’univers esthétique, et proprement inhumain. Ce n’est pas du tout Alexandre Dumas. Lui, était écrivain. J’ai pleuré, enfant, à la mort d’Athos, mais je crois bien que dans l’œuvre de Jules Verne il n’y a pas un seul "personnage" véritable; ni Philéas Fogg, ni Paganel… Mais quoi ? Il y a un univers Jules Verne, et l’on peut, sans être un écrivain, être pourtant une manière de grand homme…
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Jean Cocteau, écrivain (Paris-Soir, 1936)
Le chef-d'œuvre de Jules Verne, sous sa couverture rouge et or de livre de prix, la pièce qui en fut tirée, derrière le rideau or et rouge du Châtelet, ont excité notre enfance et nous ont communiqué plus que les mappemondes, le goût des aventures et le désir du voyage. "Trente mille banknotes pour vous, Capitaine, si nous arrivons avant une heure à Liverpool." Ce cri de Phileas Fogg reste pour moi l'appel de la mer.
Aristide Briand, homme politique ( Le Cri de Paris, 24 avril 1927)
Un bien brave homme, qui s’intéressait à moi et qui me fît sortir […]. Je l’admirais à cause de ses livres et je lui étais reconnaissant parce qu’il me conduisait au théâtre, place Graslin. […] Quelle fête c’était pour moi ! Surtout, […] il avait la passion de la mer. Il était né, me disait t-il, en plein cœur de la ville, à deux pas de la bourse, rue Kervégan, dans l’île Feydeau. De son balcon qui dominait une poissonnerie, le petit Jules Verne apercevait les mâts des voiliers que ramenait la marée montante. Bien souvent, il s’était cru alors à bord d’un navire géant, faisant une pêche miraculeuse. L’odeur des coquillages, des algues, des poissons, le grisait […]. J’avais connu cela. Je le lui avais dit, et c’est pour cela qu’il m’avait pris en amitié. Jules Verne, je lui dois beaucoup. […] Vous voyez, il aimait ce qu’il y a de plus beau au monde : la jeunesse et la mer.
Ilia Tolstoï , journaliste, écrivain et fils de Léon Tolstoï (Tolstoï, souvenirs d'un de ses fils, édition française, 1914)
À cette période de notre enfance nous nous passionnions pour la lecture des romans de Jules Verne. Papa nous rapportait ses livres de Moscou ; tous les soirs nous nous réunissions, et il nous lisait à haute voix : Les Enfants du capitaine Grant, Vingt mille lieues sous les mers, De la Terre à la Lune, Aventures de trois Russes et de trois Anglais, et, enfin, Le Tour du monde en quatre-vingts jours.
Ce dernier roman n’était pas illustré. Alors Papa se mit à l’illustrer lui-même. Tous les jours il préparait pour le soir des dessins correspondants à la plume et ils étaient si intéressants qu’ils nous plaisaient bien plus que les illustrations qui figuraient dans les autres livres.
Je me souviens, comme si c’était aujourd’hui, de l’un des dessins, où était représentée une déesse bouddhique avec plusieurs têtes décorées de serpents. Elle était fantastique et terrible ; Mon père ne savait pas dessiner, pourtant tout lui réussissait et nous étions très contents.
Nous attendions avec impatience le soir, et nous grimpions ensemble vers lui par-dessus la table ronde, quand, arrivé à l’endroit qu’il avait illustré, il interrompait la lecture et retirait son image de dessous le livre.
Juliette Charoy pseud. Jules de Rochay, femme de lettres (Fragments d'un journal intime, 1906)
Oh ! Si j’avais une voix qui pût être entendue, comme je parlerais contre la bibliothèque d’Hetzel ! Contre ces faux frères : Jean Macé, Stahl, Verne et autres. Mais non, personne ne m’entend et les journaux catholiques, payés pour la réclame, vantent ces livres, croyant sauver leur responsabilité par quelques restrictions indulgentes ! Je sais bien que nous manquons d’auteurs pour la jeunesse à opposer à ceux-là ; nos écrivains catholiques ne luttent pas.
Anatole Le Braz, écrivain (Revue de Bretagne, 1906)
Jules Verne, hanté par son hérédité marine, son hérédité nantaise, a battu les océans, touché les pôles, monté jusqu’aux étoiles, et, avec une audace inconnue jusqu’à lui, exploré la vie totale de l’univers.
Jules Verne a apporté la poésie de l’espace, le frisson de l’infini (…) Il y a là une poésie grandiose, une poésie qui n’est plus humaine seulement, mais planétaire, interplanétaire, si j’ose ainsi parler (…) Qui osera nier qu’il ait été un poète, un visionnaire magnifique, un puissant créateur ?
Paschal Grousset, journaliste, écrivain et homme politique (Magasin d’Éducation et de Récréation, 1905)
Sa langue est simple et forte, sa technique littéraire impeccable. Presque toutes ses expositions sont des chefs-d'œuvre. On trouverait malaisément dans ses cent volumes une page inutile. Il a fait penser, rêver, marcher l'humanité. Combien d'écrivains pourront en dire autant et laisser, quand ils disparaîtront, un record aussi glorieux.
Lev Nikouline, écrivain (1891-1967)
La valeur des romans de Jules Verne ne se trouve pas seulement dans les aventures inattendues et entraînantes de ses héros, mais dans le fait qu’ils suscitent chez le lecteur des sentiments élevés, qu’ils cultivent chez la jeunesse la vaillance, l’audace, la force de volonté, l’intérêt pour les voyages lointains et pour la connaissance du monde. Jules Verne ne prêche pas, il ne sermonne pas, il raconte avec véracité et vivacité, il parle de façon fascinante des phénomènes les plus curieux de la nature et de l’ingéniosité de l’esprit humain. La joie de vivre et la bonne humeur se dégagent de ses livres – voilà pourquoi il reste l’auteur favori pour la jeunesse.
Jules Claretie, écrivain et critique (Jules Verne, 1883. Coll. "Célébrités contemporaines")
Jules Verne incarne à l’heure où nous sommes le romanesque essentiellement moderne et contemporain. Il a résolu ce problème d’intéresser avec des gens en vestons courts, en paletots sacs et en guêtres de voyage. Son Philéas Fogg et son capitaine Hatteras, et leur dernier frère, Kéraban le Têtu, sont les Athos, les Porthos et les Monte-Cristo d’une époque pratique et qui sait le prix des chèques, des tickets et des télégraphes.
Émile Zola, critique et écrivain (Les Romanciers naturalistes, 1881)
À côté de MM. Erckmann-Chatrian, je dirai un mot de M. Jules Verne. Celui-ci n’écrit pas précisément des romans ; il met la science en drame, il se lance dans les imaginations fantaisistes en s’appuyant sur les données scientifiques nouvelles. En somme, ce sont bien des romans, et des romans plus aventureux et plus imaginaires encore que les nôtres. Le goût public est à ces vulgarisations amusantes de la science. Je ne discute pas le genre, qui me paraît devoir fausser toutes les connaissances des enfants. Je déclare, quant à moi, préférer de beaucoup le Petit Poucet et la Belle-au-Bois-Dormant. Mais je suis bien forcé de constater le succès, qui est stupéfiant. M. Verne est certainement, à cette heure, l’écrivain qui se vend le plus en France. Chacun de ses livres : Cinq semaines en ballon, Le Tour du monde en 80 jours, Les Fils du capitaine Grant, d’autres encore, se sont enlevés en librairie à cent mille exemplaires. Ils sont dans les mains de tous les enfants, ils ont leur place marquée dans la bibliothèque de toute les familles, ce qui explique leur débit considérable. Cela, d’ailleurs, n’a aucune importance dans le mouvement littéraire actuel. Les alphabets et les paroissiens se vendent également à des chiffres considérables.
Stéphane Mallarmé, écrivain (La Dernière Mode, 1874)
Extraordinaire, vraiment par le seul chiffre des dépenses invoquées, 150 000 francs, le "Voyage autour du monde", cette féerie, ce drame, cet atlas vivant de géographie, joint à tout le reste les noms populaires de Dennery et du très curieux Jules Verne.
Léon Tolstoï, écrivain (lettre à N.N. Strakhov, 1873)
Je ne vous ai pas parlé, semble-t-il, de mon hypothèse sur le remplacement de concept de pesanteur par le concept de chaleur. J’ai été très occupé cette troisième année, c’est-à-dire à l’époque du travail sur les articles de science naturelle pour l’ABC et l’ai abandonnée ; maintenant, en lisant aux enfants le livre de Verne Autour de la Lune je suis consterné par le passage où, ayant atteint le point neutre entre la Lune et la Terre, ils se trouvent en dehors de la loi de la pesanteur, mais peuvent se mouvoir. Comment s’y prennent-ils ?… Ni jambes, ni bras, ni ailes, ni flotteurs, ni vertèbres de serpent ne produisent du mouvement. S’ils se meuvent […], c’est un miracle.