L’enfance nantaise
La maison natale de Jules Verne se trouve au cœur de Nantes, sur l’île Feydeau (qui était alors vraiment une île, enserrée entre deux bras de Loire). C’est à quelques pas de là, au 2 quai Jean-Bart, qu’il passe les quatorze premières années de sa vie. L’immeuble domine le confluent de la Loire et de l’Erdre.
Alors que Jules est âgé d’une dizaine d’année, la famille fait l’acquisition d’une maison de campagne dans le village de Chantenay (aujourd’hui un quartier de Nantes). Depuis celle-ci, on voit l’activité du port se déployer jusqu’au cœur de la ville, marquant profondément le jeune garçon.
S’il n’a vu la mer pour la première fois qu’à l’âge de douze ans, les îles, les ports et les bateaux sont depuis longtemps déjà dans sa vie et dans ses rêves.
Il y a cette circonstance que je suis né à Nantes, où mon enfance s’est tout entière écoulée.
Jules Verne, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, 1891
Dans la famille Verne, on pratique volontiers la poésie de circonstance : naissances et mariages sont l’occasion de célébrer en vers les joies de l’amour et de la famille.
À l’adolescence, il commence à remplir les deux cahiers de poésies qui l’ont accompagné toute sa vie. Restés inédits à sa mort, ils ne furent publiés qu’en 1989. Poésie lyrique ou satirique, émois amoureux ou rimes de chansonnier, les genres les plus divers s’y côtoient. Plus tard, il fut aussi parolier, fournissant à son ami le compositeur Aristide Hignard des poèmes à mettre en musique. Ces chansons, réunies en recueil, parurent en 1857, sous le titre de Rimes et mélodies.
Dès l’âge de douze ou quatorze ans, j’avais toujours un crayon sur moi et du temps où j’allais à l’école, je n’arrêtais pas d’écrire, travaillant surtout la poésie.
Jules Verne
Les années parisiennes
Au début des années 1850, Jules Verne, « monte » à Paris pour y terminer ses études de droit. Il ne sait pas encore qu’il sera romancier, mais il sait qu’il ne sera pas juriste. L’étude d’avoué de son père attendra vainement qu’il en prenne la succession.
Il poursuit son travail d’écriture et publie ses premiers textes dans la revue Musée des familles, que dirige son compatriote nantais Pitre-Chevalier. Il rencontre Alexandre Dumas, grâce à qui il obtient de faire jouer sa première pièce au Théâtre-Lyrique, (dont il deviendra ensuite secrétaire) : Les pailles rompues. La pièce sera également présentée à Nantes au Théâtre Graslin.
Il dévore avec appétit les joies de la vie parisienne (dans la mesure où une modeste pension paternelle et quelques travaux alimentaires le lui permettent). Les lettres qu’il envoie à ses parents témoignent de sa vie quotidienne et de ses difficultés : comment un jeune homme qui envisage une carrière littéraire peut-il fréquenter les salons avec des chemises en lambeaux ? Comment pourrait-il résister à la tentation d’acheter (à crédit) un piano ou une collection de livres en parfait état ?
À la même époque, il fait la connaissance du géographe et voyageur Jacques Arago, célèbre pour avoir réalisé un tour du monde en 1817 à bord de l’Uranie. C’est une rencontre décisive pour le jeune homme passionné d’aventures maritimes et de voyages qu’est alors Jules Verne.

La rencontre avec Hetzel et le début des Voyages extraordinaires

C’est en 1861, par l’intermédiaire du romancier Alfred de Bréhat, que Jules Verne entre en contact avec l’éditeur Pierre-Jules Hetzel, qui publiera son premier roman deux ans plus tard. Le premier tirage de Cinq semaines en ballon est de 2 000 exemplaires, mais du vivant de l’auteur il s’en vendra 76 000 (seul Le tour du monde en quatre-vingt jours fera mieux avec 108 000 exemplaires).
En 1864, Jules Verne signe avec Hetzel un contrat aux termes duquel il s’engage à fournir deux volumes par an, puis trois dès 1865. Au sein de cette maison d’édition, Jules Verne est également codirecteur du Magasin d’éducation et de récréation, périodique fondé par Hetzel et Jean Macé dans le but de proposer aux familles « un enseignement sérieux et attrayant à la fois, qui plaise aux parents et profite aux enfants ».
À la mort de Hetzel, en 1886, son fils prend sa succession et continue la publication des Voyages extraordinaires, qui représentent au total 62 romans et 18 nouvelles.
Jules Verne, qui se considère avant tout comme un auteur dramaturge, aura l’opportunité de donner un autre souffle à ses Voyages Extraordinaires en adaptant certains de ses romans pour les planches. Le Tour du monde en quatre-vingt jours, Michel Strogoff et Les Enfants du Capitaine Grant sont des mises en scène à grand spectacle qui remplissent chaque soir, pendant des mois, les théâtres du Châtelet et de la Porte Saint-Martin.
Le voyageur
Dès que ses premiers revenus le lui permettent, il fait l’acquisition d’un premier bateau, le Saint-Michel. Deux autres suivront, avec lesquels il entreprend de voyager sur les mers d’Europe. Avec le Saint Michel III, il fait notamment plusieurs grandes croisières en Méditerranée entre 1878 et 1885, qui sont autant de sources d’inspiration.
Une ville flottante est le récit romancé de sa traversée de l’Atlantique à bord du Great-Eastern, le plus grand paquebot du monde.

Amiens
Après Nantes, où il passe ses vingt premières années, puis Paris où il vit pendant vingt-trois ans, Jules Verne s’installe à Amiens à partir de 1871. La ville d’origine de son épouse Honorine de Viane, avec laquelle il s’est marié en 1857, accueille le couple et leur fils Michel, ainsi que les deux filles nées du premier mariage d’Honorine.
Accablé de travail par Hetzel, Jules Verne, fraîchement installé en Picardie, signait plaisamment une lettre à son éditeur : « Votre bête de Somme ».
Jules Verne mène à Amiens une vie de bourgeois bien rangé et reçoit la bonne société pour faire plaisir à sa femme, mais préfère aux mondanités du salon la solitude laborieuse de son cabinet de travail. Couronnement de sa vie de notable, il est élu conseiller municipal en 1888. Il est chargé du théâtre, qu’il fréquente assidûment ; il prononce des discours pour la distribution des prix au lycée et inaugure le cirque, en 1889.
Jules Verne meurt à Amiens le 24 mars 1905.
Jules Verne enfant, sculpture d’Elisabeth Cibot, 2005, sur l’esplanade Jean Bruneau à proximité immédiate du musée Jules Verne.
